Culture : Des légendes haut-alpines frissonnantes
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Guillestre et le sabbat des sorciers
Vous connaissez peut-être la rue des Masques, sur la route entre Guillestre et Eygliers, via le Simoust. On raconte que cette faille, longue de près de 500 m, est apparue il y maintenant bien des siècles, dans un vacarme où s’entremêlaient gémissements et voix aux résonnances diaboliques.
Un peu plus tard, c'est à cet endroit précis que les sorciers du coin se donnaient rendez-vous afin de célébrer leur sabbat. Fêtes aux parfums de débauche et de luxure en l'honneur du Diable. De là, toute sorte d'histoires obscures ont pullulé à travers les âges. Il se raconte, par exemple, que passée minuit, une roche pouvait se détacher barrant la route aux villageois, de fait, livrés à la merci des sorciers malfaisants.
On parle aussi d'un charrier qui passait par là vers une heure du matin. Il aurait vu des choses si horribles et indicibles que sa mule, prise d'une peur panique, s'emballa et se tua dans un virage non loin de là. De quoi dissuader, durant des années, tout voyageur d'emprunter cette route de nuit.
Le Dragon de Saint-Véran
Nous voilà à la fin du VIe siècle, dans une bourgade aux alentours de la Fontaine-de-Vaucluse, dans le Vaucluse. Un dragon sanguinaire et terrifiant se délectait du chaos et de la terreur qu'il faisait régner dans les environs. Nombreux sont les héros ayant tenté de terrasser la bête. Mais toujours la créature sortait victorieuse. Jusqu'à l'arrivée de Saint-Véran, évêque de Cavaillon.
Ce qui s'est passé ? Plusieurs versions existent. La plus répandue nous raconte que l'homme de foi est parvenu à administrer au monstre un poison mortel. Sans plus de précisions quant au subterfuge utilisé pour tromper le dragon. Toujours est-il, que, prise d’atroces douleurs, la féroce créature s'est élevée dans le ciel, survolant agonisante la Durance et le Guil. Ses dernières forces l'ont conduite au fond de la vallée de l'Aigue-Blanche. C'est là qu'elle a rendu son dernier souffle, juste en face du mont Viso.
Une autre version évoque une confrontation sur le mont Lubéron, à l'issue de laquelle le monstre volant a pris les airs pour s'abattre dans la montagne près de l'actuel village de Saint-Véran.
Nom donné en l'honneur de l'évêque par les habitants, après qu'un berger de Provence, menant ses bêtes dans notre Queyras, leur a rapporté cette extraordinaire et terrible histoire.
Le gros bouc noir de Vallouise
Il se murmure, que dans des temps reculés, au cœur de l'hiver, une jeune fille de Vallouise prénommée Catherine, logeait au chalet des Gouberts. Ce jour-là, une amie était venue lui rendre visite.
Après un début de soirée au coin du feu, l'amie de Catherine s'en va rejoindre d’autres camarades dans un chalet voisin, à Pimouget. Catherine morte de fatigue s’apprête à tomber dans les bras de Morphée, seule dans la maison. Autour de l'habitation, pas grand-chose, si ce n'est les montagnes plongées dans le noir absolu. Les heures passent.
Soudain, Catherine entend gratter à la porte. Ce ne peut être que son amie de retour. Les grattements se reproduisent. Sans doute son amie peine-t-elle à ouvrir la porte à cause de froid et de la neige.
Alors, Catherine se lève pour lui ouvrir la porte. Personne. Une tache noire se détachant du blanc maculé de la neige attire toutefois son regard. Un énorme bouc étendu sur sol. Sous d'imposantes cornes, des yeux inquiétants qui la fixent intensément. La terreur lui glace le sang. Réalisant qu'aucune de ses bêtes ne manquent à l'appel, elle lâche : « C'est le Diable ». Elle se met alors à prier avec ardeur, égrainant du bout des doigts son chapelet.
Quelques instants plus tard, le corps du démon disparait dans une flamme surgie de nulle part.
Il est temps pour nous de vous souhaiter une bonne nuit, ou pas… Tiens, vous n'entendez pas gratter à la porte ?