Centre de santé sexuelle, Enfance et famille, Jeunesse: IVG : le Centre de santé sexuelle aux côtés des femmes

« Non mais ce n’est pas possible ça. C’est catastrophique », lance Halime, 27 ans. Alors que ses mains caressent son ventre rond, son regard ne parvient pas à se détacher de la planche anatomique qui détaille ce qui se passe dans le corps d’une femme au moment de donner la vie. Muriel Avogadri, sage-femme du service de Protection maternelle infantile du Département, perçoit l’angoisse de la jeune femme qui dans deux mois deviendra mère pour la première fois. Le calme qui émane de tout l’être de la maïeuticienne ruisselle dans toute la pièce qui accueille une fois par semaine les séances de préparation à la naissance et à la parentalité, à Gap.
Son regard bienveillant, son sourire rassurant et sa voix douce accentuent le phénomène. Avec sa collègue Magali Allard-Latour, elle anime des séances de préparation à la naissance et à la parentalité. « Mais comment vais-je savoir que c’est le bon moment ? », demande Halime. Perte des eaux, contractions, leur fréquence, péridurale, épisiotomie (qui se pratique d’ailleurs de moins en moins), col qui se dilate, placenta à expulser. Tout sera passé en revue. Toutes les questions trouveront réponse. Avec des mots réconfortants pour préparer au mieux ces futures mamans. Et les faire déculpabiliser aussi : « En cas de stress et d’inquiétude, les contractions sont ressenties de façon plus douloureuse. Si c’est le cas, il ne faut pas hésiter à aller à la maternité. Ça ne sert à rien de rester à la maison stressée, tendue et souffrante. »
Pendant la conversation, deux femmes à la grossesse bien avancée font leur apparition. Les tapis de sol n’attendaient plus qu’elles. À 32 et 38 ans, Anosha et Yémisi ont déjà connu la maternité. En temps normal, elles sont quatre. Trois aujourd’hui. Le bébé de Émeline, 27 ans, a en effet poussé ses premiers cris avec quelques semaines d’avance. Mais tout s’est bien passé. La jeune femme continuera d’ailleurs à être suivie, ainsi que son petit bout*, par les services de la Protection maternelle infantile. C’est aussi ça la PMI.
Mais pas facile de se défaire des étiquettes. « Les gens s’arrêtent souvent à nos seules missions en lien avec la protection de l’enfance », se désole Muriel. Et pourtant, ce qui se passe cet après-midi du mois de mars n’a strictement rien à voir avec l’enfance en danger. Bien au contraire.
Un petit temps de silence s’installe dans la salle. Dans la tête de certaines mamans, ça semble cogiter pas mal. « Vous vous sentez comment ? », s’enquiert alors Muriel. « J’ai mal au dos », souffle Anosha. Halime opine du chef. Il est temps pour les énormes ballons préparés par Muriel d’entrer en action. Avec une douceur qui ne la quitte pas un instant, la sage-femme leur montre comment soulager leurs lombaires, allongées sur ces sphères qui, le temps d’un instant, les bercent. « Ça fait du bien », confie Yémési. Passage à quatre pattes, dos plats, dos ronds. Des mouvements peu coutumiers mais d’une efficacité redoutable si l’on en croit les visages qui s’illuminent. Muriel les guide, leur fait ressentir ce qui se passe dans leur corps, parfois trop encombrant.
Halime s’allonge sur le côté. C’est là qu’elle se sent le mieux. « Vous savez que vous pouvez accoucher comme cela ? », explique Muriel. Révélation. La sage-femme va chercher quelques coussins qu’elle positionne délicatement entre les genoux des futures parturientes. Elle leur explique, leur montre comment ça se passe. « Maintenant, tendez les mains comme pour pousser le mur et inspirez. On bloque, on bloque, on bloque et on pousse fort, fort, fort. » Halime n’a pas encore tout à fait le truc. Mais il lui reste encore un peu de temps.
Soudain, son portable sonne : « -C’est mon mari, il peut venir ? -Bien sûr. » Yucel rejoint Halime et s’assoit près d’elle sur un ballon. « Je peux vous montrer une position pour soulager le bas de votre ventre avec le papa », propose Muriel. Accroupie, Halime se suspend au cou de celui qui semble être son roc. Lui la berce tendrement. « Ça fonctionne ? » La jeune femme répond par un grand sourire. L’angoisse du début semble la laisser tranquille, du moins en cet instant.
*La PMI assure le suivi pédiatrique des enfants jusqu’à leurs 6 ans.
**6 séances gratuites accessibles aux mamans dès le 6e mois de grossesse. Au programme : respiration, déroulement du travail, accouchement en lui-même, retour à la maison, allaitement, séjour à la maternité