Aménagement du territoire, Environnement, IT05 : Le Département aide les canaux d'irrigation à panser leurs plaies post-crues

Éventrés, martyrisés, meurtris. Après la tempête Aline en octobre et la vague d’intempéries de décembre, de nombreux canaux d’irrigation haut-alpins continuent de panser leurs plaies. À leurs côtés, le Département et IT05 restent unis pour sauvegarder ce patrimoine, clé de voûte du secteur agricole et écrin d'une biodiversité à la richesse sous-estimée.

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Au premier plan, la berge effondrée d'une rivière et une tuyau métallique qui ne tien que par un fil en acier. En arrière plan, dans le flou, deux homme habillé des vêtements chaud et sombre semblent constater les dégâts depuis la berge. Ils sont entouré de rivière. Le ciel est bas, la luminosité truste. - Agrandir l'image, fenêtre modale
©Département des Hautes-Alpes / Fabien Chaix

C'était il y a presque un an, mais la page est loin d'avoir été tournée. Après les deux vagues d'intempéries qui ont déchainé nos rivières et torrents en octobre et décembre 2023, nombre d'Asa et d'ASL (associations en charge d'entretenir et gérer les canaux d'irrigation) peinent à panser leurs plaies. Et comme le disait feu Jacques Chirac, président de la République, « les emmerdes ça vole toujours en escadrille » : une troisième vague a encore aggravé la situation cet été.

Le nœud du problème ? Des dégâts colossaux aux devis de réparation qui affichent des sommes astronomiques : 80 000 €, 100 000 €, jusqu'à 700 000 € dans le pire des cas, du côté de Risoul. Alors, quand le montant des cotisations flirte à peine avec les 2 000 € (ce qui est les cas d'un grand nombre d'Asa sur les quelques 120 que compte le territoire) ça coince, et pas qu'un peu.

Sur la cinquantaine d'Asa et ASL touchées, selon le recensement réalisé par la Chambre d'agriculture, 22 ont ainsi adressé une demande d'aide financière au Département. Un effort qui se chiffre à 400 000 €, pour le moment. « La moyenne se situe aux alentours de 20 000 €. Ce qui représente, selon les cas, entre 30 et 50 % des travaux », détaille Fabien Chaix, chargé de mission en hydraulique agricole au service Eau. Une bouffée d'oxygène indispensable, obtenue, pour 7 d'entre elles, après avoir toqué à la porte d'IT05, structure d'Ingénierie territoriale du Département (lire encadré).

« Une assistance à la carte »

« Une assistance à la carte leur a été proposé, selon la complexité du dossier et des besoins », explique Fabien, cette fois sous la bannière d'IT, au sein de laquelle il apporte régulièrement son expertise, avec sa collègue arrivée en renfort en janvier dernier, Camille Riche. Et d'ajouter : « Cela peut aller de la simple finalisation des demandes de subventions, à une aide plus complète, pouvant aller jusqu'au conseil technique assez poussé, l'accompagnement dans le recrutement d'un maître d'œuvre et le suivi de chantier. Il arrive, par ailleurs, que certaines subventions ne soient débloquées qu'après la réalisation des travaux. Ce qui oblige des Asa à contracter des prêts relais, afin de faire l'avance des paiements. Nous pouvons, à la demande, leur faire une simulation des intérêts engendrés. Ce qui leur permet d'y vois plus clair. »

Pour les petites Asa, c'est un vrai plus"

Éric Lions, vice-président de la Chambre d'agriculture des Hautes-Alpes

« Pour les petites Asa, c'est un vrai plus », reconnait Éric Lions, vice-président de la Chambre d'agriculture et président de l'Asa de Châteauroux (400 adhérents, dont 36 exploitations agricoles). D'autant plus dans les cas où elles n'ont pas d'autre choix que de viser le 100 % de subventions. Une lueur d'espoir rendue possible grâce à la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle : sésame qui ouvre, en effet, la possibilité de tendre la main vers l'État, la Région mais également de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. S'engage alors un véritable parcours du combattant administratif. « Si, par exemple, les solutions techniques proposées comportent trop d'enrochements », l'Agence de l'eau coupe le robinet. « Nous avons donc aidé à revoir quelques copies », confie Fabien qui garde un œil constant sur les critères d'attributions, en mouvement perpétuel. Dépendantes de validations aux dates buttoirs floues, plusieurs Asa restent aujourd'hui en stand-by.

Malgré toutes ces incertitudes, le moral tient bon. « On espère que d'ici le printemps notre canal, héritage de nos anciens, fonctionnera de nouveau et que la biodiversité reviendra comme avant », souffle Max Mercurio, à la tête de l'Asa de Lachaup.

  • Près de 2 M €

    de travaux post-crues chiffrés au global

  • 22 Asa

    ont adressé une demande de subvention au Département

  • 400 000 €

    d'aides accordées jusque-là par le Département


« Pour nous, c'est une question de survie »

Les crues d'octobre et décembre 2023 sont toujours au cœur des préoccupations et des difficultés de nombreuses Asa haut-alpines. Témoignages.

«Ravagé ». C'est le premier mot que lâche Max Mercurio, président de l'Asa de Lachaup, au pied de la prise d'eau du canal qui alimente ses 68 adhérents. « C'était pourtant du costaud ». Un ouvrage en béton construit 73 ans auparavant, en coopération avec EDF. Aujourd'hui, il ressemble à un animal échoué, à l'agonie : fondations en béton déformées laissant apparaitre des pieux métalliques, sable et blocs rocheux recouvrant presque entièrement la vanne reconstruite à l'identique 4 ans plus tôt, quasi à mains nues. Et partout des arbres déracinés recouvrant presque tout, comme un linceul funéraire. Un peu plus haut, le Département a refait une portion de la RD 480t et conforté ses berges férocement attaquées, en octobre dernier, par une Severaisse furibonde. Des crues comme jamais connues depuis 50 ans.

Sous des enrochements flambant neufs, une buse de 170 m de long où ruisselleront de nouveau les eaux du canal de Lachaup, une fois remis en eaux. Peut-être au printemps 2025, espère Max. Mais avant, il faudra refaire cette prise d'eau. Estimation des travaux : dans les 85 000 €. En face, « le montant de nos cotisations est de 1 700 € par ans. Cette année, elles passeront de 18 € par hectares à 70 €. Mais ce ne sera pas suffisant. Pour nous les subventions, c'est une question de survie », explique Max. Alors, « pas question de baisser les bras », même si le choc a été rude.

En une nuit, tout a été réduit à néant"

Max Mercurio, président de l'Asa de Lachaup

« Nous avons redonné vie à l'Asa il y a 5 ans, l'avons dotée de nouveaux statuts. Petit à petit, nous avions remis le canal en état. En une nuit, tout a été réduit à néant. Quand les eaux ont commencé à monter, je suis venu pour refermer la vanne. Mais la rivière était déjà énorme. Je n'ai rien pu faire, si ce n'est partir. La situation devenait trop dangereuse », se souvient Max. Dans son regard, une survivance du désappointement qu'il a ressenti il y a un quasiment un an jour pour jour. Mais dans sa voix, une détermination à toute épreuve.

Une aide pour aller de l'avant

« Au-delà de l'appui que nous apporte IT05 pour remplir les dossiers de demande de subventions et nous apporter les connaissances techniques dont nous ne disposons pas, je sais qu'il y aura toujours quelqu'un de disponible pour répondre à mes questions. Ce soutien moral nous aide à aller de l'avant. » L'enjeu est de taille pour Max et l'Asa de Lachaup, faire subventionner à 90 % les travaux.

« L'aide du Département, à hauteur de 30 %, est déjà acquise. Pour l'Agence de l'eau, c'est en attente : avec IT05 nous avons dû revoir la solution initiale envisagée pour répondre à ses critères ».

L'incertitude règne aussi sur les aides de la Région et de l'État. Mais l'optimisme et la combativité restent de mise, par respect pour « le travail des anciens ». Mais « aussi pour les nouvelles générations », souligne Mireille Serres, présidente de l'Asa Sainte-Marthe à Embrun. Pour elle, objectif 100 % de sub. Sans ça, ce sera la fin.


IT05 accueille une quarantaine d'Asa en urgence

Du jour au lendemain, une cinquantaine d'Asa se sont retrouvées orphelines de la structure qui s'occupait d'elles jusque-là. Une très mauvaise nouvelle pour ces structures haut-alpines en charge de la gestion et de l'entretien des canaux d'irrigation : « C'est arrivé au plus mauvais moment », confie un président. En octobre, au moment même où, un peu partout dans le Département, les cours d'eau laissaient exploser leur fureur pour tout détruire sur leur passage, les canaux d'irrigation en premières lignes.

70 % des Asa sous un même toit

Impensable de laisser les Asa, entités de droit public devant répondre aux mêmes impératifs budgétaires qu'une collectivité, dans pareil désarroi. La réaction d'IT 05, ingénierie territoriale du Département, ne s'est pas fait attendre, en ouvrant ses portes à l'ensemble desdites Asa. Après avoir paraît aux urgences les plus criantes, main dans la main avec de la Chambre d'agriculture, une quarantaine d'Asa ont fait leur entrée dans le giron d'IT05 (qui en comptait déjà 42).

Une adhésion qui leur donne accès à une assistance technique de base, mais également administrative et comptable. De quoi réunir sous un même toit près de 70 % des quelques 120 d'Asa haut-alpines répertoriées en préfecture.Pour l'occasion IT05 a renforcé ses rangs qui comptent désormais 4 gestionnaires dédiées.


En 2014, lorsque l’État a décidé de mettre fin à l’ATESAT, le Département a décidé de créer un Établissement public administratif afin de :

  • Partager/mutualiser ses compétences,
  • Être solidaire des communes et EPCI,
  • Favoriser l’émergence de projets locaux pour le développement du territoire.

IT05 a donc été créé par Assemblée constitutive du 28 janvier 2014 avec un objectif clair : apporter une assistance à maîtrise d’ouvrage et plus largement des conseils techniques, juridiques, administratifs, dans différents domaines aux collectivités de son territoire, et plus largement à toute personne morale de droit public du territoire haut-alpin.

Depuis sa création, IT05 n’a cessé de se développer :

  • Adaptation et développement des domaines d’intervention
  • Intégration du service de la gestion administrative et comptable des ASA d’irrigants
  • Développement de la « centrale d’achat » : outre l’accès à la plateforme AWS, des tarifs préférentiels au Dauphiné Libéré, de nombreux accords-cadres sont proposés aux adhérents.
  • Réunions d’information sur différents sujets d’actualité ou sur les thématiques proposées par IT05

IT05 en chiffres

  • 237

    adhérents

  • 580 000 €

    de budget en 2023

  • 260

    dossiers complémentaires en 2022

Nos domaines d'intervention

Vous êtes adhérent et vous souhaitez être accompagné par IT05 dans l’un des nombreux domaines d’intervention : vous pouvez désormais solliciter l’ouverture d’un dossier directement en ligne sur notre site internet

Pour rappel de nombreux services sont inclus dans l’adhésion. Seuls certaines missions, et notamment l’élaboration des pièces d’un marché, font l’objet de conventions.

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