Autonomie, Enfance et famille: « Se sentir utile » : une semaine pour convaincre

« Oui bien sûr d’une certaine manière les personnes en situation de handicap sont un des premiers publics à faire les frais d’une inattention sociale, d’une invisibilisation généralisée. Dans leurs cas, les besoins spécifiques qu’elles ont, font que la situation toute entière doit être reconfigurée pour que ces personnes trouvent à s’épanouir. Et ce détour d’adaptation demande à la fois du temps et des efforts de la part des acteurs qui entourent la personne handicapée. Et nous ne sommes pas toujours prêt à ces efforts même de simple reconnaissance. Sans compter l’inconscient collectif qui nous pousse à exclure, à discriminer ce qui n’est pas « conforme » à ce qu’on attend habituellement. Ne pas regarder l’autre en situation de handicap, c’est participer à agrandir la sphère d’hostilité déjà présente par définition dans son environnement. »
« Je dirais que les mentalités doivent changer quand on parle de handicap : ne pas cautionner les préjugés tellement véhiculés de nos jours en les appliquant souvent sans mot dire dans nos quotidiens, à savoir qu’il y aurait une différence de nature entre les PSH et les personnes plus ordinaires. Nous sommes tous des singularités, mais dans le cas du handicap, elle n’est que plus prégnante, plus radicale. Bien sûr, le handicap peut toucher n’importe qui, à n’importe quel âge de la vie. Mais davantage : le handicap met au centre notre vulnérabilité à tous et c’est sans doute ce miroir que trouvent gênant la plupart des gens qui n’observent que de l’extérieur. Et cette vulnérabilité, c’est un des éléments qui nous réunit chacun de par notre condition humaine.
J’étais atterrée l’autre jour en écoutant un adjoint au maire de la mairie de Lyon qui reconnaissait qu’un évènement sur le handicap n’avait peut-être pas fonctionné sans que ce soit un problème de communication : c’était tout simplement par manque d’intérêt des citoyens. Aux gens qui pensent que le problème du handicap peut être relégué aux franges de nos politiques comme une cinquième roue du carrosse, je réponds que le handicap est au contraire un problème crucial au cœur de nos sociétés puisqu’il nous pousse à réfléchir sur notre vivre-ensemble et que donc aucun citoyen ne peut en faire l’économie. Nous sommes tous concernés par cette question, même si elle nous touche plus ou moins directement. »
« Quand j’ai commencé mes études de philosophie, je n’avais jamais envisagé de travailler un jour sur la question du handicap. Parallèlement, étant porteuse d’une maladie évolutive, c’est sans doute à cette période de ma vie que j’ai pris conscience de ce qui m’arrivait vraiment même si le handicap s’était déjà manifesté depuis plusieurs années. J’étais en train de devenir ce qu’on appelle « une personne handicapée ». Qu’est-ce que cela voulait dire ? Je pressentais déjà qu’il y avait beaucoup plus à découvrir derrière cette simple notion qui était en train de faire partie de ma vie. Et il m’a paru évident que j’avais une place privilégiée pour apporter ma part d’irremplaçable à l’édifice de la pensée. »