Environnement : Le Drac et l'adoux des Foulons, au cœur d’une étude nationale
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Combi néoprène intégrale, OK. Masque de plongée, OK. Un matin d'août, dans les eaux bleu-vert du Drac, Adrien Selles, hydrologue du Bureau de recherches géologiques et minières (service géologique national), lutte contre la puissance du courant. Le long d'une digue aux imposants blocs rocheux, il recherche l'enregistreur de température qu'il est venu fixer quelque mois plus tôt. Il peine à retrouver ses repères tellement le paysage a changé en un rien de temps. Il en est pourtant certain, c'est là.
À ses côtés, en Waders, les pieds solidement ancrés dans le lit de la rivière, Pascal Krieg-Rabeski, technicien gestion des cours d'eau du service Eau, tâte la paroi, les bras plongés dans une eau à 7°C. À la surface, le soleil tape fort. Le contraste est violent. La sonde, elle, reste introuvable. Sans doute la faute aux crues de juin.
La déception d'avoir perdu des semaines de données se lit sur les visages. « Ça fait partie des aléas de la recherche », relativise Adrien en regagnant la berge. Direction sa voiture pour aller chercher sans attendre une remplaçante à feu la sonde. Quelques paramétrages informatiques plus tard, réalisés à même la grève, c'est reparti. Pour son emplacement, Adrien se fie à l'expertise de Pascal qui côtoie au quotidien les rivières haut-alpines.
Depuis février dernier, cinq appareils mesurent toutes les 30 mn la température du Drac* et des Foulons, entre le camping de Pont-du-Fossé et le pont des Ricous, à 4 km de là. Pour les données à jamais perdues, le BRGM pourra compter sur celles du Département, qui lui aussi scrute le Drac dans les environs. L'intégrité de l'étude financée en majeure partie par l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse reste sauve.
Comprendre et anticiper
Mais au fait, pourquoi le BRGM a-t-il jeté son dévolu sur la cette zone ? Pour la richesse sans commune mesure des liens entre le Drac, les Foulons et la nappe phréatique qui les accompagne, cachée des regards. Préservées des attaques directes du soleil, ces eaux souterraines contribuent à faire d'eux de précieux refuges thermiques, dont la biodiversité peinerait à se passer. « Il s'agit là d'un vrai cas d'école du fait de sa configuration propice à recherche : les cours d'eau, les eaux souterraines, on a tout sous la main », confie l'hydrologue, plus habitué à étudier ce qui se passe dans le sous-sol qu'en surface. Raison pour laquelle l'appui des techniciens de rivières de la collectivité, mais aussi de la Commission locale de l'eau du Drac amont, lui sont indispensables.
Ce qu'il adviendra de ces bulles de fraicheur ô combien essentielles dans les années à venir, réchauffement global de la planète oblige ? Répondre à cette question est l'objet même de cette étude programmée jusqu'en 2026. Y sont analysés trois systèmes hydrauliques aux antipodes les uns des autres (Hautes-Alpes, Var et Ain). Mais tous choisis pour leurs relations particulières avec les eaux souterraines, au véritable centre des recherches.
Car comprendre les relations précises entre les rivières et leur nappe, en déduire l'impact du changement climatique sur l'une comme sur l'autre, c'est anticiper au mieux l'avenir. En fonction des résultats, « nous pourrons mettre en avant la pertinence de sanctuariser certaines zones du Drac au profit de la biodiversité », évoque Adrien.
Mais l'heure des orientations politiques est encore loin. Les conclusions du BRGM ne sont pas attendues avant 2027. Le public pourra alors les retrouver sur le site du BRGM, InfoTerre.
*Pour le Drac, également alimenté par les pluies et la fonte des neiges, est aussi regardé de près sa conductivité. Plus son niveau est élevé, plus l'eau est chargée de minéraux, ce qui nous indique qu'elle provient du sol. Ces éléments permettront d'avoir une idée sur la part d'eau souterraine qui le compose.
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