Routes et mobilités : Le Gioberney, une réouverture aux accents épiques

Des impacts aussi larges que la route, d'autres longs d'une dizaine de mètres défigurant le bitume. Et une montagne de blocs rocheux noyés sous des tonnes de sédiments en plein milieu de la RD 480t. Comme Rome, la réouverture de la route du Gioberney ne s'est pas faite en un jour.

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Une pelle mécanique en action dans Le Gioberney - Agrandir l'image, fenêtre modale
Une pelle mécanique est entrée en action pour déplacer près de 40 000 m3 de matière recouvrant le radier. ©Franck Barbesier

9 avril. Franck Barbesier, adjoint de l'Antenne technique (AT) de Saint-Bonnet et Frédéric Fertig, responsable du Centre technique de Saint-Firmin, montent dans le « Valgau », histoire de voir comment la RD 480t conduisant au Gioberney a passé l’hiver. Verdict ? Chaussée souffrant d'impacts impressionnants en de multiples endroits, blocs rocheux de plusieurs tonnes échoués ici et là. Pour ce qui est du radier inauguré un peu moins d’un an plus tôt, il est littéralement enseveli sous une montagne de sédiments. L'éboulement survenu en janvier 2023 poursuit son œuvre. À l'époque, le Département avait déclenché des travaux d'urgence conséquents (1 M€), histoire de sauver la saison touristique des refuges.

Le climat change et le comportement de la montagne avec. Le temps, pas si lointain, où la réouverture du Gioberney se résumait à déneiger les stigmates des avalanches et à débarrasser la voie des cailloux et éboulis de moindre ampleur semble révolu.

Cette année, le Département n’a d’ailleurs eu d’autre choix que de faire intervenir une entreprise dont la pelle mécanique, un beau bébé de 26 tonnes, est entrée en action le 23 avril. 12 jours de travail sans relâche pour déplacer près de 40 000 m3 de matière recouvrant le radier sur une longueur de 50 m et 25 de hauteur. Pas de quoi redonner à l’ouvrage ses traits les plus fins, mais de quoi permettre le passage des véhicules en toute sécurité.
Pour ce qui est de la réparation des nids de poule, où plutôt cratères lunaires, l’AT de Saint-Bonnet a fait appel au savoir-faire des agents d'exploitation, munis d'enrobé à froid.

Résultat des courses ? Une réouverture à la facture salée (100 000 €). Mais en un temps record, le 7 mai, soit 10 jours d'avance par rapport au prévisionnel. Malgré cette belle victoire, les agents doivent renoncer au repos du guerrier. Ils le savent, le Gioberney ne leur laissera aucun répit les mois à venir. Et il a déjà commencé : à la mi-mai, les 7 m d’accotement laissés par la pelle étaient réduits à 5. « La ravine surplombant le radier bouge quasi en permanence. Il faudra du temps (sans doute des années) pour que la montagne se stabilise, à force principalement des cycles gel-dégel, lorsque la route est fermée au public », confie Franck désignant du doigt une dizaine de blocs rocheux qui l'inquiètent. « Ils finiront par tomber, ça, on le sait. Mais quand ? Impossible à prévoir ».

Ce qu’il sait en revanche, c’est que chaque orage apportera dans son sillage son lot de désordres (éboulements, laves torrentielles). Après une petite heure de pluie fine, une timide cascade commence à se former sous nos yeux. On imagine très bien que plus l’épisode pluvieux sera intense, plus le filet d'eau se transformera en torrent potentiellement destructeur. Comme une épée de Damoclès menaçant l'intégrité de la RD 480t. De quoi augurer pour les agents un été sur le qui-vive, prêts à activer une surveillance renforcée au moindre signe, pouvant conduire à des coupures préventives.

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