Économie, Laboratoire départemental : Le savoir du labo vétérinaire s’exporte à Riyad

Ils sont Saoudiens : deux hommes et une femme. Eux sont vétérinaires, elle, microbiologiste. Et c’est au Laboratoire départemental vétérinaire et d’hygiène alimentaire des Hautes-Alpes, qu’ils ont parfait, à la mi-novembre, leurs connaissances au sujet de la fièvre Q.

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La photo est prise en plongée. La scène se passe dans un laboratoire. La photo est divisée en deux parties. À droite, une jeune femme en blouse blanche portant un voile noir recouvrant ses cheveux qui dépassent légèrement au haut de son visage. Elle croise les bras et regarde avec attention la personne qui se trouve devant elle, derrière un vitre. L'autre personne, est aussi en blouse blanche. Il porte des gants en latex bleu violet. Il s'agit d'un homme en train de manipuler des pipettes de laboratoire et mini tube a essai qu'il remplit et dispose sur des petites plateformes rectangulaires (une jeune et une rose) munies de petit trous destinés à accueillir les petits tubes. - Agrandir l'image, fenêtre modale
La microbiologiste saoudienne regarde avec attention la façon dont opère l’agent du Labo vétérinaire. ©Département des Hautes-Alpes / Stéphanie Cachinero

Sur le chariot d’autopsie du Laboratoire départemental vétérinaire et d’hygiène alimentaire des Hautes-Alpes, deux agneaux encore couverts du liquide amniotique. Morts prématurément. La cause ? Inconnue pour le moment. Prélèvements à des endroits bien précis, dont le cerveau. Batterie de tests en situation réelle. Rien de mieux pour apprendre. Les élèves ? Deux vétérinaires et une microbiologiste, venus d’Arabie Saoudite. Leurs professeurs ? Florence Dufour, Fabrice Louche, Mary Dessein, Élisabeth Clier, techniciens de laboratoire et Pierre-Louis Heus, leur directeur, vétérinaire de formation.

Durant toute une semaine, français, anglais et arabe ont résonné entre les murs du labo haut-alpin, choisi spécialement par le ministère de l’Agriculture* pour recevoir cette délégation peu habituée à nos hauts sommets.

Même si la beauté de nos paysages a attiré l’attention des scientifiques saoudiens, ce n’est pas ce qui a motivé leur déplacement. Mais « notre expertise en matière de fièvre Q », souligne Pierre-Louis, entre deux traductions dans la langue de Shakespeare, indispensable pour assurer la meilleure transmission des connaissances de ses techniciens de laboratoire, pour qui, la détection de la fièvre Q n’a guère de secrets.
En 2012, les Hautes-Alpes ont, en effet, fait partie des dix départements pilotes où a été déployé un dispositif de surveillance béta. De quoi conférer au labo haut-alpin une certaine autorité en la matière.

Alors, lorsque que chaque étape des différents tests à conduire est expliquée, décortiquée, les hôtes saoudiens dégainent leurs smartphones pour prendre des notes et filmer. Histoire de ne passer à côté d’aucun détail.

La fièvre Q, c’est quoi ?

Au fait, la fièvre Q, c’est quoi ? « Il s’agit d’une bactérie ultra résistante et volatile pouvant toucher l’homme (via les épandages de lisier dans les champs, ou les manipulations liées au travail en abattoir ou à la ferme…). Dans la plupart des cas, les personnes infectées sont asymptomatiques », rassure le vétérinaire haut-alpin, très attaché à la santé publique. En revanche, chez les animaux, notamment de rente, type bovins, ovins… les conséquences sont toutes autres : « elle entraine une infertilité temporaire engendrant également une hausse des avortements et morts nés. Si un troupeau est touché, cela peut avoir un fort impact économique pour l’éleveur », explique Pierre-Louis.

Et il semblerait que le fièvre Q commence à menacer les troupeaux de camélidés moyen-orientaux. L’enjeu est de taille. Alors, pour permettre à leurs invités de repartir avec un socle de connaissances le plus solide possible, le laboratoire départemental leur a également organisé des temps sur le terrain, avec notamment la visite d’une exploitation agricole, en compagnie du vétérinaire en charge de la bonne santé du cheptel. Une première hors du commun pour ces émissaires venus du désert.


*En 2017, lors d’une visite d’État en Arabie Saoudite, différentes thématiques ont été abordées entre le prince héritier Mohammed ben Salmane et le Président français, Emmanuel Macron, dont la santé animale et publique.

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