Laboratoire départemental : Les autopsies du labo vétérinaire départemental au service de la faune sauvage

Quand la mort éclaire la vie. En l'occurrence celle d'animaux sauvages que le parc des Écrins, l'Office français de la biodiversité (OFB) ou la Fédération de chasse confient au Laboratoire départemental vétérinaire et d'hygiène alimentaire. Au moins une fois par semaine. Oui il est, ici, bien question de médecine légiste (incluant un aspect judiciaire) * et d'autopsies.

Publié le – Mis à jour le

Montage photo composé de trois clichés. En haut un aigle royal ailes déployées. En bas à gauche un chamois dans un paysage d'hiver. En bas à droite une chauve-souris en plein vol dans une grotte. - Agrandir l'image, fenêtre modale
Quand les autopsies du Labo départemental se mettent au service du règne animal ©Photos Istock

La mission de nos techniciens spécialistes de la faune sauvage, Florence Quirie-Guimbard et Fabrice Louche, sous la houlette de leur directeur Pierre-Louis Heus, vétérinaire : faire parler ces corps inertes afin de comprendre les raisons et circonstances dans lesquelles ces « patients » à poils ou à plumes ont rendu leur dernier souffle. « Les indices récoltés racontent la vie de l'animal », résume Pierre-Louis.
De quoi, plus largement, affiner le corpus de connaissances sur la faune sauvage, contribuer à l'amélioration de l'équilibre entre activités humaines et biodiversité ou encore à la préservation d'espèces protégées.

Mieux comprendre

Il y a quelques mois deux aigles royaux dont les corps ont été retrouvés par des agents du parc des Écrins, à proximité du Mont-Guillaume, arrivent en salle d'autopsie du labo.

Ils présentent des lacérations au niveau des ailes, probablement causées par les serres d'un congénère. Résultat, si l'on savait l'aigle royal territorial, on apprend qu'il est prêt à défendre sa zone de vie… jusqu'à la mort.

Adapter les infrastructures

Encore des aigles au début de cette histoire, enfin leurs dépouilles envoyées récemment au labo en nombre anormalement élevé. Toutes victimes d'électrocution (ou à tout le moins d'électrisation) et toutes retrouvées dans une zone réduite. À proximité d'une ligne électrique, qui ne fait visiblement pas bon ménage avec les rapaces.

Le rapport d'autopsie commandé par l'OFB servira de base pour demander au propriétaire dudit réseau électrique de prendre les mesures qui s'imposent et ne plus voir les oiseaux tomber comme des mouches.

Dans le même esprit, le laboratoire départemental a éclairé la lanterne de la métropole de Nice, qui ne comprenait pas pourquoi les individus d'une colonie de chauve-souris protégées rendaient l'âme, sans raison apparente.

Pas de lésion, aucun signe clinique extérieur. Étrange. Pourquoi pas ne pas tenter une analyse toxicologique ? Bingo ! Empoisonnement par saturnisme. La colonie s'était en effet établie sous un pont d'un certain âge. Sa peinture, gorgée de plomb. CQFD.

Réguler les plans de chasse

La Fédération des chasseurs haut-alpins fait également appel à la médecine légale du laboratoire vétérinaire départemental afin d'établir ses plans de chasse. À l'image du chamois, un temps victime d'un mal entrainant la cécité partielle ou totale de l'animal.
Tant que les dépouilles autopsiées présentaient des signes de maladie, la fédération limitait les quotas afin de ne pas porter préjudice à cette espèce, emblématique dans nos montagnes. Avec ses autopsies, le labo fait figure de pont entre la mort et la vie, au service du vivant. ☐


*Elle peut aussi se pratiquer sur des êtres vivants afin de déterminer les conséquences d'un accident, par exemple.

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