Autonomie, Enfance et famille: « Se sentir utile » : une semaine pour convaincre

« Cette discipline scientifique étudie l’être humain dans ce qu’il a de plus intime. Le squelette est une sorte de carte d’identité qui permet de connaître le sexe, l’âge au décès, la taille, la robustesse et bien sûr de diagnostiquer les pathologies, de type traumatique, qui laissent une trace sur l’os. De nombreux handicaps sont ainsi lisibles et autorisent de considérer la place des personnes vulnérables et parfois dépendantes dans les sociétés du passé. En les croisant avec les progrès médicaux et technologiques. Les avancées incroyables de la paléogénétique et l’imagerie médicale vont permettre de décrypter des pathologies invisibles (notamment cognitives) et de travailler sur d’autres types d’inclusion. »
« Le mot handicap, très récent, est un non-sens pour la plupart des séquences chronologiques étudiées. Les groupes humains, au plus lointain, dans les premiers villages néolithiques (où la pratique de la trépanation au silex, véritable intervention de neurochirurgie, est observée) ou dans les sociétés précolombiennes, au Pérou, soignent, réparent et parfois appareillent leurs congénères amoindris. Chaque vie est précieuse…L’homme de Néandertal semble même avoir déployé de l’altruisme et de la compassion envers un enfant trisomique, il y a plus de 140 000 ans. »
« La différence a toujours été au cœur des groupes humains qui tentent de l’intégrer et surtout « de faire avec ». Cela vaut dans les sociétés qui vont bien. En temps de paix et quand les greniers sont pleins. Cela se crispe en temps de guerre, de pandémie, de famine…. Le handicap semble devenir « pesant » quand on commence à classer, ranger, à mettre de côté au profit d’éduquer (dès le Siècle des Lumières) et surtout quand le profit et la rentabilité deviennent un curseur sociétal. Les fragiles, les « différents », les « fous » et les « invalides » deviennent rapidement des bouches inutiles que l’on peut parfois chasser. »
« J’ai toujours travaillé sur la marginalité de certains défunts, notamment sur les rites funéraires déployés autour de la petite enfance, mais j’ai trouvé ma voie et développé un véritable axe de recherches au sein de l’Inrap, validé par la communauté scientifique, après avoir été interpellée par Ryadh Sallem, un athlète paralympique, membre de l’équipe de France de rugby-fauteuil, qui m’a demandé comment cela se passait pour les « gens comme lui » dans le passé. Il y a 15 ans, c’était une grande inconnue. J’ai relevé le pari lancé par ce champion pour pouvoir lui répondre ! Et de fait, cette démarche concerne chacun d’entre nous. Le passé éclaire le présent dans toutes les thématiques sociétales. »