Routes et mobilités: Dossier RD 1075 : Le casse-tête invisible des travaux routiers

Contrôler le sel de déneigement, ça sert à quelque chose ? Plutôt oui. Trop fin, il se disperse aux quatre vents, pas dingue quand il s’agit de lutter contre les affres de l’hiver sur… la route. Trop gros, il mettra plus de temps qu’escompté pour agir et aura tendance à boucher les saleuses. Pas besoin de vous faire un dessin pour comprendre dans pareil cas de figure, la machine ne sert plus à grand-chose. Au pire, il lui faudra un bon coup de nettoyage pour repartir, mais quand c’est le rush, chaque minute compte. La teneur en eau est aussi ultra importante. H2O sur le verglas, c’est pas terrible pour améliorer l’adhérence. Concernant le sel utilisé afin de fabriquer de la saumure (à l’efficacité redoutable contre le verglas), on scrute également le reste de matière insoluble. Là, mieux vaut approcher les 0 g après les tests. Ce qu’il reste à la fin n’est, en effet, qu’impuretés. De la saumure coupée aux résidus, pas très efficace pour sécuriser le réseau routier.
Examiner le sel est donc bien moins anodin qu’il n’y paraît. Au Département, cette tâche est confiée aux agents du Laboratoire routier. Depuis le 9 octobre, date de leur premier contrôle de la saison 2024/2025, 43 vérifications ont été effectuées sur l’ensemble des Centres techniques (CT). Soit, grosso modo, une livraison sur trois. « Nous intervenons aussi à la demande, si les agents ont le moindre doute », explique Pierre Rolland, responsable qualité des travaux routiers, à la tête du labo départemental.
Et quand ça se sait qu’un Département fait analyser son sel, « ça dissuade les fournisseurs de baisser en qualité. Car si nous repérons une anomalie à la limite de la conformité, nous demandons une baisse du prix en guise de pénalité. Si les résultats sont trop mauvais, c’est le retour pur et simple de la marchandise, ce qui est rarissime », confie Pierre. Pour l’heure, aucune livraison n’a essuyé de refus.
Côté labo, comment ça se passe ? Lorsque le sel est prélevé par les CT, Lionel Givaudan, technicien, se met en quête de la précieuse cargaison, en général une dizaine de kilos conditionnée dans un gros sac en plastique translucide. De retour au labo, le technicien échantillonne le sel dans un bac de métal. Après une première pesée, direction l’étuve à 110°C. Le processus peut durer de quelques heures jusqu’à 24 heures. Lorsque les cristaux s’agglomèrent en croûte, une deuxième pesée est réalisée. Retour à l’étuve. Et rebelote jusqu’à ce que le poids du sel ne varie plus d’un iota sur la balance. Une petite soustraction, encore un calcul et hop, la teneur en eau est déterminée. Si le taux dépasse les 6 % : « produit non conforme ».
Étape 2 : passage aux tamis, de 0,125 mm à 8 mm. Là aussi, si chaque taille de cristaux ne respecte pas les normes : pas bon. « Pour le sel de classe A, qui sert à la saumure, on regarde aussi l’insolubilité (restes résiduels) », précise Lionnel. La technique, verser de l’eau, attendre 2 bonnes heures, passer au tamis la solution. Renouveler l’opération jusqu’à ce que le sel soit complètement dissout. Seules résisteront les substances indésirables, acceptables à hauteur de 3 %. Au-dessus : tampon rouge. Mais jusqu’ici tout va bien.