Autonomie, Insertion : Social : réinterroger les pratiques avec les personnes aidées
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« Avec tous vos sigles, on a l'impression que vous ne parlez pas la même langue que nous. » Résultat ? « Du fait mes troubles, on me demande de remplir un dossier MDPH. Mais j'en suis incapable. Pourtant, je ne suis pas débile. » C'est avec la vigueur de l'indignation que Camille, jeune maman accompagnée par la Maison des solidarités Gap-Cézanne, a partagé son expérience lors de la toute première réunion du Comité local en travail social et en développement social haut-alpin. Autour d'elle ce mardi 12 mars, à Embrun, d'autres personnes aidées, des bénévoles (Croix-Rouge, Fondation Seltzer…) et des travailleurs sociaux du Département et de ses partenaires (CCAS, structures spécialisées…). Certains le reconnaissent volontiers, « il est urgent que nous adoptions un langage moins abscons ». Le message est passé. Un échange qui résume à lui seul la philosophie du Comité local haut-alpin, déclinaison territoriale d'une démarche nationale née sous les ors du ministère des Affaires sociales.
Une philosophie qui devrait présider à l'accompagnement social, en général. Car s’il est bien question « d’aider les gens à monter sur la première marche d'une échelle. Mais ensuite, c'est eux qui grimpent. Coconstruire avec les personnes aidées est indispensable », confirme Marie Lauze directrice générale adjointe (DGA) en charge de pôle Cohésion social et solidarités.
Mais pas toujours facile. La DGA confie d'ailleurs avoir déjà entendu au cours de sa carrière des collègues lui dire « ils nous font faire des choses déconnectées ». Une réalité qu'elle souhaite autre pour les Hautes-Alpes grâce à ce comité local.
Parmi la trentaine de personnes ayant répondu à l'appel du Département ce mardi matin, un petit bout de femme, venu spécialement d'Avignon. Toute en rondeur mais le verbe et le regard assuré : Florence Viale, déléguée du Comité régional des personnes accompagnées, devenue déléguée nationale en 2018.
De son histoire personnelle, rien ne transparaît si ce n'est cette détermination qui semble se nourrir de difficultés passées. Les comités locaux, elle en a vu beaucoup. Des gens, elle en a rencontré une montagne. Elle ne compte plus les échanges qu'elle a eus sur cette thématique de l'accompagnement. Alors quand on lui demande, « mais tout ça, à quoi ça sert ? Vous avez vu des traductions concrètes de ce qui émerge de ces comités ? » Elle répond que, bien sûr, il s'agit là d'un « travail de longue haleine ».
Agir à son propre niveau
Mais désormais, elle participe à de nombreux comités nationaux et a collaboré avec Aurore Bergé alors ministre des Solidarités. « Nos réflexions remontent dans les cabinets ministériels. Mais il n'est pas toujours nécessaire que tout se hisse jusqu'en haut de la pyramide, même s'il est important que les décideurs, élus et même les travailleurs sociaux comprennent que nous n'avons pas la même vie qu'eux. Il faut que chacun d'entre nous se sente investi d'une mission. À mon niveau, dans ma ville, j'organise par exemple des ateliers (au sein de son groupement d'entraide mutuelle, Mine de Rien) pour fabriquer des produits cosmétiques. Parce que je sais que c'est important de se sentir belle même si on n'a pas 50 € à mettre dans une crème. Donnez un maximum d'idées aux travailleurs sociaux. Nous avons tous des compétences. Nous sommes tous créatifs. »
Oser. Un acte encore difficile pour nombre de personnes aidées. D'ailleurs, au moment de restituer les réflexions du jour à l'ensemble du comité, seuls des travailleurs sociaux ont pris la parole. « C'était la première. Au fil du temps, les personnes aidées prendront en confiance. C'est en tout cas quelque chose que nous avons à l'esprit », rassure Emmanuel Nguyen à la tête de la direction des Solidarités en territoire du Département. Et d'ajouter, « notre mission est maintenant de faire grandir ce comité et trouver des financements pour qu'il puisse exister et que chacun s'en saisisse. » Pour faire évoluer l'accompagnement social au plus près de la réalité du terrain.
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