Routes et mobilités : Traquer les couches fragiles et évaluer le risque avalanche

Sécuriser le réseau routier passe aussi par la gestion du risque avalanche. Rendez-vous sur le terrain avec Alain Duclos, nivologue qui travaille en étroite collaboration avec les services des routes du Département.

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Accroupi devant un petit mur de neige, un homme en tenue de ski tend sa main en direction du mur. À coté de lui on distingue une pelle à neige. En arrière plan les montagnes. Le ciel est bleu et lumineux. - Agrandir l'image, fenêtre modale
Le nivologue, Alain Duclos, vient de déterminer la couche fragile de son mur d'expérimentation. ©Département des Hautes-Alpes / Stéphanie Cachinero

Le col du Lautaret revêtu de son manteau blanc. Sous un soleil flamboyant, des voiles colorées de snowkite virevoltent au loin. Tout est paisible. Pour que la quiétude ne prenne la poudre d'escampette, les agents de l'Antenne technique (AT) de Briançon guettent le risque d'avalanche, en collaboration avec Alain Duclos, nivologue. Entouré de ses équipes, il a mis au point une technique unique.

« On va s'arrêter ici, j'ai senti que mon bâton s'enfonçait de façon irrégulière, c'est un indice. L'inclinaison de la pente semble suffisante. Il faut au moins 30 % pour qu'une plaque se décroche », détaille Alain. Pour l'occasion, il n'a pas eu besoin de chausser ses skis de rando, outils de travail indispensables pour étudier nos montagnes, mais aussi celles de la Savoie et de l'Isère. À raison d'une dizaine de sondages par semaine, dont les données sont immédiatement intégrées à la base de données data-avalanche.org, accessible gratuitement au grand public.

Les relevés du jour lui serviront le soir même pour rédiger son bulletin hebdomadaire, envoyé à l'AT. « Une aide précieuse au quotidien », confie Régis Philip, numéro 2 de l'antenne briançonnaise. Et d'ajouter : « En parallèle, dès que nous constatons une coulée lors de nos patrouilles, nous la faisons remonter à Alain. »

« Mes collègues avaient identifié cette zone comme étant très instable. C'est confirmé grâce aux observations des agents du Département »

Alain Duclos, nivologue

D'ailleurs, une fois ses tests réalisés, le nivologue ira quelques kilomètres plus loin, où une plaque s'est détachée sans empiéter sur la RD 1091. « Mes collègues avaient identifié cette zone comme étant très instable. C'est confirmé grâce aux observations des agents du Département », sourit Alain.

Mais pour l'heure, le nivologue se défait de son sac, sort sa sonde, la déploie de tout son long (2,4m), la pause délicatement dans la neige. Aux deux extrémités, il dispose ses bâtons à angle droit. De quoi délimiter son gabarit d'expérimentation. Vient le moment de creuser la pente jusqu'au sol avec le coup de main de Régis. Les voilà devant un mur d'un bon mètre 20. À l'aide d'une cordelette pareille à un fil à couper le beurre, les deux hommes isolent une lamelle d'environ 30 cm de large. Il est temps de traquer la « couche fragile », celle qui pourrait déclencher une avalanche au passage d'un skieur ou d'un randonneur. L'expert sort, alors, une scie pliable. Découpe dans le bloc toujours debout, une colonne à chaque extrémité, frappe dessus. Couche fragile détectée. Ne reste plus qu'à éprouver sa propagation pour voir si la plaque cède et de quelle manière.

Vient ensuite le temps de mesurer la dureté de la neige, sa température… Tout est minutieusement enregistré via smartphone sur une application développée par l'université Savoie-Mont-Blanc, directement connectée à data-avalanche. De quoi établir des modèles, par la suite extrapoler afin de déterminer le niveau du risque. RAS aujourd'hui.

Les aides et services en faveur des routes et de la mobilité

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