Routes et mobilités : Trois vagues d’intempéries plus tard, point sur les routes du Département

Il y a un plus d’un an, le Département jetait ses forces dans la bataille pour sauver la saison hivernale de Risoul et de sa station, victimes d’une coulée de boue sans précédent. Quelques mois plus tôt, en octobre, nos montagnes subissaient le courroux de la tempête Aline, qui a largement éprouvé les agents des Routes. Juin 2024, rebelote. Et demain ? On sera encore là. Mais contraints à quelques adaptations, déjà en cours.

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Au premier plan, un panneau en plein Risoul village sur lequel on peut lire Briançon se laisse apercevoir sous un amas de sédiments. La route est recouverte d'une couche de boue. En second plan, on distingue, sur la partie droite de la photo, un petit groupe d'hommes en habit de chantier jaune fluo. Sur le même plan, au milieu de la photo, des pelles mécaniques sont en train de défaire Risoul village de 30 000 m3 de sédiments. En arrière plan, on aperçoit la mairie. Il neige, une pellicule blanche est en train de se former. - Agrandir l'image, fenêtre modale
Quatre jours après les intempéries, les engins de chantier s’activent toujours pour débarrasser Risoul village de 30 000 m3 de sédiments extraits du lit du torrent. ©Stéphanie Cachinero / Département des Hautes-Alpes

Des routes éventrées, des ponts tenant par l’opération du Saint-Esprit, des berges rongées bien plus qu’à l’os, des dizaines de milliers de tonnes de sédiments recouvrant tout sur leur passage. Des images que beaucoup ont encore en tête. Les conséquences de trois vagues d’intempéries qui ont secoué le département entre octobre 2023 et juin 2024. Aujourd’hui presque tout est rentré dans l’ordre.

Car à chaque fois, le maître mot a été le même : rétablir les accès au plus vite afin de ne laisser aucun Haut-Alpin livré à son propre sort, isolé de tout. Les enjeux ont même dépassé la protection des personnes, du côté de Risoul en décembre 2023, où tout a été mis en œuvre pour sauver la saison hivernale de la station. En un temps record, des dizaines de milliers de tonnes de boues, troncs et autres blocs rocheux ont été déblayés, les pans de montagnes affectés ont été traités et l’accès aux pistes rétabli grâce au montage d’un pont provisoire, qui un an après tient toujours ses promesses. Courant 2025, ce dernier sera démonté pour laisser sa place à un nouvel ouvrage, définitif, capable d’encaisser la réplique d’un événement centennal.

Tour d’horizon non exhaustif

Le pont Peyron près d’Orcières (RD 475), quant à lui, est de nouveau franchissable. Une réparation qui perdurera dans le temps. Courant 2025, un nouveau chantier visant à mieux répondre au contexte hydromorphologique du Drac Noir viendra toutefois le consolider.

Pour ce qui est du pont Pallon à Freissinière (RD 38), après plusieurs phases de travaux s’étalant entre octobre 2023 et mars 2024, le voici de nouveau opérationnel.

Mais des phénomènes de glissements de terrain et d’érosion, en amont, faisant l’objet de réflexions quant aux correctifs à éventuellement envisager, menacent toujours.

Côté pont de Palps (RD 994D, sur la commune de Saint-Clément-sur-Durance), le Département a paré à l’urgence sans attendre. La nature ne laisse cependant aucun répit à l’ouvrage. Une réponse plus pérenne est, là aussi, à l’étude. L’équation s’avère toutefois des plus difficiles à résoudre : faire passer la rivière, dont le lit a pris ses aises sur une centaine de mètres de large, sous un pont de 15 m. Un casse-tête qui nécessitera, en attendant, une attention de tous les instants et surement de nouvelles interventions ponctuelles. Quand, combien, jusqu’à quand ? Il est des questions auxquelles il est impossible, pour l’heure, d’apporter des réponses à long terme.

Des changements ultra rapides

Des questions d’autant plus complexes que nos infrastructures ont, pour la plupart, été construites après la seconde guerre mondiale. Époque durant laquelle personne ne pouvait mesurer, ni même se douter, de la rapidité et de l’ampleur des conséquences qu’auraient sur elles le changement climatique. En atteste, notamment, la multiplication ces dernières années, voire mois, de rapports, études scientifiques et communications officielles dédiées précisément à cette thématique *.

À cela s’ajoutent de nouveaux paramètres scientifiques, comme la fonte du pergélisol (sol qui ne dégèle jamais), y compris dans les Alpes du sud, dont on ignore encore les conséquences exactes à plus ou moins court terme.

Seule certitude, l’adaptation de nos routes et infrastructures nécessite un laps de temps plus important qu’un simple claquement de doigts.
Il n’empêche que, lorsqu’elles sont mises à rude épreuve, c’est sans attendre que le Département mobilise ses agents et ingénieurs, habitués à lutter contre les risques naturels : inondations, éboulements, laves torrentielles… La montagne a, en effet, toujours été le théâtre de pareils événements. Car c’est un fait, dans un environnement géographique ultra contraint, pas d’autre choix pour se développer que de s’installer dans les fonds de vallées, à deux pas des lits de nos rivières et parfois même en leur sein.

Ce que nous ont tout de même enseigné ces intempéries, c’est que des crues décennales et même centennales peuvent se déclencher en même temps en plusieurs points du territoire. Il est d’ailleurs fort à parier que ce type d’épisode se répète de plus en plus (du fait d’une multitudes de facteurs qui s’entremêlent : remontée de la limite pluie neige, fonte des glaciers comme du côté de la Meije, phénomènes de gel et dégel plus fréquents, intensification des événements extrêmes…). Alors c’est tout naturellement, que des changements sont intervenus sur le terrain.

Les adaptations initiées depuis plusieurs années

Comme, par exemple, le rapprochement entre le service Eau et les Routes, initié depuis environ 2020. Une rencontre qui, de prime abord, n’allait pas de soi, mais qui, désormais, fait toute la différence. Mieux comprendre le fonctionnement des rivières permet de mieux adapter les travaux routiers. L’ingénierie végétale et mixte ont ainsi commencé à s’inviter depuis quelque temps dans les chantiers de confortement de berges. D’abord du côté de la Severaisse, le long de la RD 985A, et dernièrement le long de la RD 1075 près d’Aspremont où un « peigne rustique » côtoie désormais le Grand Buëch.

Aller encore plus loin

Revoir les gabarits de nos ouvrages d’art à la hausse, ça, on le fait systématiquement depuis quelques années dès qu’il est question d’une nouvelle construction. Mais le prix de telle adaptation est élevé, et les moyens du Département non extensibles, et sans doute de moins en moins, au vu du contexte économique actuel.

De quoi pousser nos agents à l’expérimentation, notamment du côté de l’Antenne technique Guil-Durance qui se sait désormais capable de construire des portions de routes en régie.

Mais aussi à l’introspection. Notre patrimoine routier (ponts, murets, ouvrages de protections de falaises…) s’est ainsi invité lors de la « journée ouvrage d’art » organisée en novembre dernier à Saint-Louis. L’ambition ? Disposer d’un instantané, le plus précis et fidèle possible de nos infrastructures routières, histoire d’optimiser encore davantage notre réactivité face à l’imprévu.

En parallèle, l’épineuse question relative au curage de nos rivières et le traitement des déplacements sédimentaires s’impose de plus en plus au Département. Certains de ses ouvrages en subissent, en effet, les conséquences de plein fouet.

À l’image de la galerie du Grand-Clot, sérieusement menacée par la Romanche. La collectivité travaille d’ailleurs d’arrache-pied à corriger son lit, avec l’approbation de la Direction départementale des territoires et de l’Office français de la biodiversité. Un chantier colossal qui ne pourra toutefois pas résister à de nouvelles foudres dantesques de la nature.

Mais en l’occurrence, des olympiades pourrait venir la solution : le service « les grands travaux JO 2030 » ayant intégré à sa longue to do list ce chantier afin de lui apporter une solution plus pérenne.

De quoi illustrer, ici, le fait que le Département ne pourra pas à lui seul relever les défis que fait peser le changement climatique sur les routes haut-alpines. ☐

* ”La montagne face au changement climatique : quelles voies d’adaptation ?”, publié en novembre 2023 sur Viepublique.fr, dépendant de la Direction de l’information légale et administrative rattachée au Premier ministre ; rapport de l’OCDE ”Des infrastructures pour un avenir résilient face au changement climatique”, d’avril 2024 ; production du Cerema, établissement public travaillant sur le climat et le territoires de demain ”Changement climatique : gérer des infrastructure résilientes”, de juillet 2022.

Les conséquences des Intempéries en chiffres

  • Près de 15 M€

    engagés pour des travaux d’urgences

  • 2 M€

    versés au titre de la solidarité envers les territoires

  • 20

    ouvrages d’art fortement impactés

  • 15

    portions de routes détruites

  • 25

    éboulements d’ampleur

  • 7

    érosions de berges ayant eu un sérieux impact sur nos routes

Les aides et services en faveur des routes et de la mobilité

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