Autonomie, Enfance et famille: « Se sentir utile » : une semaine pour convaincre

« Bonjour, je viens déposer mon dossier MDPH (handicap) », lance, en s’approchant du guichet de la Maison de l’Autonomie, une dame, cheveux mi long, imposantes lunettes sur le nez. De l’autre côté de la vitre, Marie-Line, l’une des trois agents d’accueil, sourire aux lèvres. Contrôle rapide mais attentif. Les documents et signatures demandés répondent présent. « A priori, c’est tout bon. D’ici 15 jours vous recevrez un courrier confirmant que votre dossier est complet. Il faudra ensuite compter entre 4 et 6 mois pour une réponse définitive. » La dame s’en retourne. Son dossier, lui, poursuit son chemin : numérisation, passage chez les instructeurs…
Quelques instants plus tard, les portes de la MDA s’ouvrent de nouveau (5627 personnes accueillies en 2023). Un homme en fauteuil roulant approche. Entre ses mains, une lettre de la MDA : sa femme, hospitalisée, ne percevra plus son allocation adulte handicapée (AAH). « Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus sur le pourquoi mes collègues évaluateurs et la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH)* ont abouti à cette décision. Mais vous pouvez adresser un recours dans un délais de 2 mois », lui explique Marie-Line en détaillant la marche à suivre. Sans colère ni amertume l’homme repart renseigné et avec le sentiment d’avoir été écouté.
C’est aussi ça le pouvoir magique des agents d’accueil de la MDA. Un instant de calme. Mais pas le temps de se reposer sur ses lauriers. Check sur la boite mail institutionnelle. Une demande d’Allocation personnalisée autonomie (Apa). En pièces jointes, tous les indispensables du dossier, mais envoyés au mauvais format. « Quand on se rend compte que les personnes ne sont pas à l’aise avec l’informatique, on n’insiste pas. Là, je vais tout imprimer pour qu’il soit traité comme un dossier papier » : numérisation, instruction et rebelote.
Alors qu’il se passe mille choses à la fois, le téléphone ne cesse de sonner (14746 appels en 2023). « Maison de l’autonomie bonjour », lance Delphine, dans le bureau d’à côté. À l’autre bout du fil, des prestataires pour des histoires de factures, des demandes de mise en relation avec les instructrices Apa, basées pour leur part à l’autre bout de Gap, sur le site Saint-Louis. Pendant ce temps, Marie- Lise, troisième agent du triumvirat de l’accueil planche sur les « pré-instructions » des dossiers Apa. 25 nouvelles en deux jours. Un travail de Sisyphe.
Site Saint-Louis, MDA, Apa, MDPH… Vous avez décroché ? Ce qu’il faut retenir, c’est que la MDA est un guichet unique qui traite toutes les demandes relevant du handicap ou de la perte d’autonomie, l’âge avançant. Rue du commandant Dumont, à Gap, le bâtiment où trône ce fameux panneau Maison de l’autonomie, rend simplement plus concret ce guichet unique en ouvrant ses portes au public. Dans ses bureaux, des professionnels en majorité spécialisés dans le handicap, regroupés sous la houlette de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), structure gérée par le Département.
Ils sont ergothérapeutes, assistants sociaux, infirmières, référents sensoriel/interprète en langue des signes, en insertion professionnelle ou dédiés aux majeurs vulnérables (et aux aidants familiaux), ou encore chargé de parcours « Réponse accompagnée pour tous », coordinateurs d’équipes pluridisciplinaires, des enseignants spécialisés…
Pour évaluer les besoins des personnes en situation de handicap et leur faire un topo sur des droits auxquels elles n’avaient pas pensé ou ne connaissaient pas, ils décryptent les dossiers de demande, passent des coups de fil pour creuser certaines situations et se déplacer à domicile**. Ils s’assurent que la réglementation, ultra complexe et mouvante en matière de handicap, soit respectée… Bref, de leurs expertises naissent des propositions d’aide sur mesure pouvant, s’ils en ressentent le besoin, être discutées collégialement, histoire d’être sûrs de ne pas passer à côté d’un détail crucial. Ces propositions sont, in fine, validées, amandées ou rejetées par la CDAPH. En marge de tout ce « travail d’enquête », les instructeurs veillent au grain tout au long de la procédure : dossiers remplis en bonne et due forme, suivi de leur mise à jour, fléchage des demandes en fonction des compétences de chacun, transmission des informations aux bénéficiaires mais également aux partenaires…
La MDA est une véritable galaxie au service des plus vulnérables.
*Instance décisionnaire composées de 80 membres (élus, CPAM, associations, Caf, MSA, chefs de services du pôle social du Département, l’ARS…).
**Notamment lors des premières demandes de Prestation de compensation du handicap (PCH).