
Adresse : 5 rue des Silos 05000 GAP
Horaires :
Ouvert du lundi au vendredi
de 8h00 à 12h00 et de 13h30 à 17h30
Blouse, charlotte, gants. Sur la table en inox de la salle d’autopsie du labo vétérinaire départemental, un jeune chevreuil mâle décongelé la veille. La Fédération de chasse d’un département voisin l’a déposé quelques mois plus tôt. « Lors du dépeçage, ils se sont rendu compte qu’il était anormalement maigre et veulent savoir ce qui cloche », explique Florence Quirie-Guimbard, technicienne de laboratoire. Ce jour-là, pour la seconder, Lilou, élève en école vétérinaire. Un coup de pouce appréciable en cette période de forte activité, en lien avec l’agnelage porteur de son lot de fausses couches. En une seule journée passeront entre ces murs recouverts de faïence blanche et vert pâle, des poussins, un chevreuil donc, un chevreau tout juste confié par son éleveur, et un agneau encore entouré de son foin natal (un peu plus d’une centaine d’autopsies et de prélèvements d’organes chaque année).
Retour à l’examen du brocard, à tendance famélique. Pas un pet de graisse sous la peau que Florence dégage soigneusement afin de faire parler ce corps. Les traces retrouvées corroborent le récit des chasseurs décrivant la scène de chasse. La traque, le tir, la mise à mort. La technicienne poursuit son examen qui la conduit vers des ganglions, qui chez l’humain seraient situés au niveau des aisselles. Atrophiés, grisâtres, « alors qu’ils devraient être bien roses », explique Florence. « Ça peut être le fruit d’une réaction immunitaire à un pathogène », rebondit la vétérinaire en devenir. Place à l’ablation des organes. Examen visuel : foie ok. Idem pour le cœur. Les poumons, en revanche, semblent bien petits. Cet indice couplé aux ganglions porte à croire que le souci de l’animal est respiratoire. Hypothèse qui sera confirmée quelques instants plus tard sous le microscope : un parasite dans les poumons. Tout sera détaillé dans le rapport d’autopsie envoyé aux commanditaires.
Alors que Florence et Lilou sont penchées sur le corps du cervidé, une discussion sur l’anatomie s’improvise. Mais Florence devra écourter la transmission de son savoir, interrompue par un toc-toc-toc à la porte. Cette dernière donne directement à l’extérieur du bâtiment, via un quai. « C’est par là que les animaux nous arrivent afin de préserver le laboratoire de tout potentiel risque de contamination. » Un éleveur se présente, un sac en plastique entre les mains. Linceul d’un petit chevreau. Florence a besoin d’en savoir plus. Armée d’une fiche et d’un stylo, elle enchaîne les questions. Quel élevage, date et circonstance de la mort, corps retrouvé à quel endroit… Après avoir récolté toutes les infos nécessaires, elle retourne au chevet du chevreuil à qui il est temps de rendre le repos éternel. Comme tous les animaux passés là, il finira à l’équarrissage.
Nettoyage en règle de la table mortuaire. Vient le tour du petit sac en plastique noir. Son ouverture révèle un chevreau blanc. « Il est mort la nuit dernière à l’âge de 7 jours. D’autres chevreaux présentent des signes de faiblesse. Les nouveau-nés sont nourris ‘‘à la louve’’ (dispositif de biberons). Aucune fièvre n’a été notée. L’éleveur (en production laitière) veut savoir si tout son troupeau est en danger », résume Florence.
Le petit animal semble sommeiller. Entre lui et le métal, un champ opératoire noir. Examen visuel. C’est une « petitoune ». Aspect extérieur, RAS. Le bloc cœur-poumons est retiré, comme les reins et le foie. « Belle coloration. Par contre la rate est anormalement bombée », constate Florence. « Réaction immunitaire », émet l’élève vétérinaire. Exploration des estomacs et intestins. « N’étant pas sevrée, on ne devrait retrouver que des traces de lait dans sa caillette. Or là, il y a de la paille. On en déduit qu’elle n’a pas pu téter comme elle voulait, qu’elle avait faim et a dû chercher de la nourriture au sol », détaille Florence.
La présence de diarrhée dans les intestins va également dans ce sens. Hypothèse : une bactérie dans la paille, peut-être Escherichia coli. Analyses complémentaires réalisées dans la foulée, côté labo. Les résultats lèveront les doutes quelques jours plus tard. L’éleveur sera prévenu ainsi que son vétérinaire afin de prendre les mesures sanitaires adaptées.
Florence Dufour, également technicienne de laboratoire, prend la suite dans la salle d’autopsie. Elle laisse s’échapper d’un sac blanc amas de foin, à l’apparence d’un nid. Lové à l’intérieur, un petit agneau. « Il est mort quasi à la fin de la gestation. » Les gestes de la technicienne sont précis, rapides. Matière cérébrale, rate, échantillon du contenu stomacal. Des prélèvements qui, le lendemain, feront l’objet d’un test PCR. Seront ainsi traqués l’ADN de 8 maladies (fièvre Q, toxoplasmose, listériose…). Mais demain est un autre jour.
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