” Si seulement je pouvais hiberner ” était en 2023 le premier film mongol jamais sélectionné au Festival de Cannes. Et puis, est-ce une coïncidence ? City of wind, un autre film mongol, était montré à la Mostra de Venise de 2023. Coïncidence encore ? Le Festival des 3 Continents de Nantes présentera en 2024 une rétrospective du cinéma mongol… Découvrez déjà Si seulement je pouvais hiberner de la réalisatrice Zoljargal Purevdash, un film abordant des sujets durs sans se départir d’une certaine douceur, un film dont authenticité se pose avec sincérité, la réalisatrice ayant elle-même vécu d’amples morceaux de son récit. Pour accompagner cette séance, nous profiterons de l’analyse de Katharina Bellan, réalisatrice de documentaires et de films expérimentaux mais aussi docteure en études cinématographiques et en histoire, chercheuse à l’université d’Aix-Marseille. Paul-Serge Miara Ciné mon Mardi ” Si seulement je pouvais hiberner “de Zoljargal Purevdash Pour commencer Ulzii, un adolescent d’un quartier défavorisé d’Oulan-Bator, est déterminé à gagner un concours national de sciences pour obtenir une bourse d’étude. Mais sa mère trouve un emploi à la campagne et laisse Ulzii, son frère et sa sœur affronter seuls la difficulté à se nourrir et se chauffer. Pour aller plus loin En contrepoint des magnifiques paysages de Mongolie, on est frappé par la dure réalité de la capitale, Oulan-Bator – 1,5 millions d’habitants bien tassés, son bidonville où s’entassent sous les yourtes les nomades, réfugiés climatiques des steppes, contaminés par une pollution qui accable prioritairement les couches les plus précaires de la population avec des hivers à – 35°. Cette réalité, la réalisatrice la connaît bien puisqu’elle a grandi dans cet environnement. Les mots de la réalisatrice Zoljargal Purevdash : « Dans le quartier des yourtes, il n’y a ni eau courante ni système de chauffage. Le quartier s’est développé très rapidement ces vingt dernières années et continue de croître, du fait de la migration des nomades vers la ville. On se chauffe en brûlant du charbon et c’est une des raisons pour laquelle c’est une des villes les plus polluées du monde. C’est devenu un gros problème en 2006, des manifestations contre la pollution et le chauffage au charbon ont eu lieu, et les gens du quartier ont été tenus pour responsables. Cette attitude a été très dure à supporter pour moi. Ça m’a rendue très triste et ça m’a offensée. Personne ne brûle du charbon pour empoisonner les autres intentionnellement ; les gens essaient juste de survivre. » La vie n’est pas simple pour le jeune Ulzii. Il est doué en sciences physiques. Accompagné par son professeur, il pourrait remporter une bourse d’études mais par la force des choses, l’absence définitive de son père et l’éloignement récent de sa mère, il devient responsable du foyer. L’aide sociale ne suffit plus et Ulzii n’a d’autre solution que d’aller couper illégalement du bois avec un ami. « Il ne restera bientôt plus d’arbre sur cette montagne », se désole son enseignant venu le raisonner. On pleure autant pour la montagne saccagée que pour un jeune trafiquant qui a perdu tout espoir de retourner sur les bancs de l’école. Malgré tout, dans toute sa foi pour l’avenir, l’adolescent garde le sourire. Zoljargal Purevdash, la jeune cinéaste mongole, dont c’est le premier long-métrage, a écrit son film à partir de ses souvenirs personnels mais aussi grâce aux témoignages des enfants de ces quartiers, qui interprètent leurs propres rôles. Le récit qui en résulte est d’une imparable sincérité. Magnifiquement servie par une photographie subtile, l’histoire d’Ulzii touche bien au-delà de l’anecdote, le film est puissamment politique. Zoljargal Purevdash met beaucoup d’espoir, de douceur et de justesse dans son indispensable témoignage, sans jamais basculer dans le sentimentalisme, sans jamais esthétiser la pauvreté. Si seulement je pouvais hiberner était en 2023 le tout premier film mongol à faire partie de la sélection du Festival de Cannes. L’équipe de Ciné mon Mardi d’après Utopia, Cineuropa, Le Polyester. ** Ciné mon mardi : Collectif de cinéphiles créé en 2006, Ciné mon Mardi résiste et continue de vous proposer à Veynes des films d’auteur, choisis dans le patrimoine ou l’actualité du 7eArt, des ciné-débats, des ciné-rencontres et autres occasions de cinéphilie. Les actions de Ciné mon Mardi devenant de plus en prenantes, l’équipe souhaite se renforcer. Si vous aimez le cinéma, si vous avez du temps à y consacrer, si vous êtes intéressés à nous rejoindre, contactez-nous : 06 85 01 11 84.