Programmes européens : Alpine Space – HyMoCARES

La gestion durable des rivières et des espaces naturels permet d'assurer le maintien d'un territoire attractif.

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Dans le cadre du programme HyMoCARES, le Département des Hautes-Alpes entreprend de doter les élus territoriaux d’outils d’aide à la décision, se basant sur les utilisations par les sociétés humaines des cours d’eau alpins, on parle alors du concept de services écosystémiques. Ces données seront alors intégrées dans les projets de restauration des rivières, permettant d’appréhender au plus tôt les effets des travaux sur l’utilisation des milieux aquatiques de montagne.

Le Projet HyMoCARES  est à ce jour clôturé et s’est terminé avec la restitution des travaux lors d’une conférence finale qui s’est tenue à Bolzano en octobre 2019. Les travaux présentés par le Département des Hautes-Alpes ont été diffusés sur la forme de posters résumant l’ensemble des résultats obtenus sur les 2 cas d’études français (voir rubrique téléchargements) et ont été rédigés en partenariat avec le centre INRAE de Grenoble (ancien IRSTEA). Également, le Département a lors de cet évènement réalisé une démonstration de la maquette portable expliquant le transport sédimentaire en rivière, acquise durant le programme comme outil de communication à des fins pédagogiques.

Cadre de l’approche HyMoCARES pour les actions de restauration en cours d’eau (anglais)

Présentation et objectifs

Le projet Espace Alpin HyMoCARES a pour objectif de développer une plateforme opérationnelle dédiée à l’intégration des services écosystémiques dans les plans de gestion des bassins versants de rivières alpines, en relation avec les facteurs de contrôle du fonctionnement hydromorphologique et de la continuité sédimentaire.

Sur la base d’études de cas recouvrant différents contextes alpins, un cadre conceptuel spécifique d’intégration des services écosystémiques inhérents aux rivières alpines, actuellement inexistant, est en cours d’élaboration. L’approche est centrée sur l’évaluation multi-échelle des effets des pratiques de gestion et de restauration, et à terme, elle délivrera des outils d’estimation des services écosystémiques associés aux dynamiques hydromorphologiques de ces milieux.

Le projet bénéficiera de l’implication directe des acteurs opérationnels de la gestion de l’eau, mais également des opérateurs privés dans le domaine de l’hydroélectricité. Même si des actions pilotes de recherche et développement sont proposées pour améliorer la connaissance des interactions géomorphologie/écologie/services, le projet a pour vocation principale de produire des outils opérationnels dans le domaine de la gestion intégrée des bassins versants.

Le projet rassemble 13 partenaires issus de l’ensemble des pays de l’espace alpin (Italie, France, Autriche, Slovénie, Suisse, Allemagne). Différents types d’organismes sont représentés dans ce consortium, mettant en lien des travaux de recherches en sciences de l’environnement, en sciences sociales et leur application sur les territoires par des organismes de gestion opérationnelle. De plus, les autorités nationales et régionales, les structures de gestion sont fortement impliquées comme partenaires ou observateurs. Côté français, les partenaires concernés sont l’IRSTEA de Grenoble et le Département des Hautes-Alpes.

Le projet est structuré en 4 « Work-packages » (WP) thématiques, déclinés en actions (les coordinateurs de chaque WP apparaissent entre parenthèses) :

  • WPT1 : Cadre (Framework) d’évaluation des services écosystémiques (IG Berlin, Allemagne)
  • WPT2 : intégration du suivi et de l’évaluation hydromorphologique à différentes échelles (BOKU, Wien, Autriche)
  • WPT3 : Effets de la gestion et de la restauration hydromorphologiques (Irstea, Grenoble, France)
  • WPT4 : Intégration du cadre d’évaluation des services écosystémiques dans les plans opérationnels de gestion des rivières (Département des Hautes-Alpes, France)

Financement

Le projet HyMoCARES a pour budget total 2 474 651 €, subventionné à hauteur de 85% par le fond européen de développement (ERDF) portant la subvention totale à 2 103 433 €.

Le budget total du Département des Hautes-Alpes pour ce projet est de 204 450 €, pour un montant subventionné à 85% s’élevant à 173 782,50 €. Les 15% restant sont assumés par le Département des Hautes-Alpes en autofinancement.

La zone de restauration du Drac se situe à l’amont direct du Pont de Saint Bonnet, sur une distance de 3,7 km. En raison des extractions sédimentaires autorisées jusqu’en 2008, des incisions importantes ont été observées dans ce secteur, en moyenne 2 mètres, pouvant néanmoins atteindre 10 mètres localement. Par conséquent, les couches d’argiles sous-jacentes étaient atteintes et l’érosion risquait de s’accélérer dramatiquement et irréversiblement. Également, de nombreux désordres étaient alors observés, tant sur les enjeux humains (déstabilisation de ponts, plan d’eau de Saint Bonnet) que sur les enjeux naturels (baisse du niveau de la nappe alluviale, déconnexion des adoux, …). Le projet de restauration de la zone dégradée à l’amont de St-Bonnet s’est déroulé entre novembre 2013 et avril 2014. Le projet consistait en un élargissement de la bande active du cours d’eau en injectant plus de 450 000 m3 de sédiments grossiers, provenant de terrasses alluviales adjacentes (390 000 m3) ainsi que d’autres sources complémentaires (60 000 m3).

En conséquence, une section transversale rectangulaire de 100 m de large a été élaborée, associée à une élévation générale du niveau du lit (figure 6). Afin de contrôler le niveau hydraulique à l’aval des travaux, un seuil d’1,65m avec passe à poisson et à canoé/kayak a été créé sous le pont de Saint-Bonnet-En-Champsaur. Enfin, les abords directs de la rivière ont été aménagés afin de permettre aux populations locales de profiter de cet espace restauré et d’en comprendre les objectifs. Ces travaux ont été financés et supervisés par l’Agence Française de l’Eau, l’autorité locale du bassin (Communauté des Communes du Champsaur), le Département Hautes-Alpes, la Région PACA et l’UE (coût total de 5 millions d’euros). L’objectif général du projet de restauration était de recréer un lit en tresse. L’objectif complémentaire était d’éviter la déstabilisation de la digue en rive droite, protégeant le plan d’eau artificiel de Saint Bonnet, qui constitue un enjeu touristique important.

Comme la plupart des rivières alpines, le Buëch a été impacté par une extraction intensive de sédiments entre les années 1960 et 2008. En plus de l’extraction de graviers, la continuité sédimentaire du lit a été fortement influencée par la construction du barrage de Saint-Sauveur, dont l’eau est utilisée pour l’irrigation, l’hydroélectricité et le développement touristique. L’eau dérivée est conduite à la centrale hydroélectrique de Lazer située à 10 km en aval. La restitution de l’eau s’effectue à Sisteron, près de la confluence avec la rivière Durance.

À l’aval immédiat du barrage, le lit du Buëch s’est incisé sur près de 3m et cette incision se propage vers l’aval au gré des crues morphogènes. Afin de stopper cette incision et de diminuer l’engravement concomitant de la queue de la retenue de Saint Sauveur, EDF a mis en œuvre une importante opération de réapprovisionne

ment sédimentaire en septembre 2016 (figure 3). 44000 m3 d’alluvions ont été extraits de la queue de retenue de Saint Sauveur et ont été déposés sur une portion de 400 m en aval direct du barrage. Deux bans sédimentaires ont été créés et, pour faciliter la remobilisation sédimentaire, un chenal a été créé dans le banc situé en rive gauche.

L’objectif général du projet de restauration est d’améliorer les conditions hydro-géomorphologiques de la portion dégradée en aval du barrage, par une augmentation artificielle de l’approvisionnement en sédiments grossiers. Un objectif complémentaire est de réduire le risque d’inondation en amont du barrage.

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